La châtaigne en Haut Languedoc
Châtaigne
Mémoire d’une montagne à réactiver
Quand on ouvre un livre de botanique à la page « Châtaignier », on lit que son fruit, la châtaigne, est cultivé depuis des millénaires pour sa grande richesse alimentaire (lire ci-dessous). En montagne du Haut Languedoc, châtaignes et châtaigniers ont ainsi entretenu la vie.
Le montagnard d’hier a confié son existence au châtaignier. Il faut parcourir la montagne du Haut Languedoc, côté Hérault, pour s’en rendre compte. Ses flancs sud ont été bouleversés par l’outil pour être transformés en terrasses de cultures de châtaigniers. Alors que, maintenant, le commun des individus traverse ces lieux en râlant parce qu’il lui faut lever les jambes sur des chemins cadalés qui grimpent jusqu’au ciel, il ne se rend pas toujours compte qu’il met ses pas dans ceux des paysans d’autrefois (lire Jean-Claude Carrière) pour lesquels ces parcours étaient des axes de vie conduisant à leurs châtaigneraies.
La montagne du Haut Languedoc a une longue histoire avec le châtaignier et la châtaigne. Les regrets de l’abandon des terrasses de la castanéiculture sont vifs. En Écosse, les pouvoirs publics subventionnent les réfections de murets dans le contexte du développement touristique. Ici, ce patrimoine extraordinaire disparaît chaque année davantage, faute d’une prise de conscience.
La châtaigne, véritable aubaine pour la santé
Deux fois plus calorique que la pomme de terre ou la banane, la châtaigne fait partie des fruits très énergétiques (180 kcal/100 g). Pour autant, il ne faut surtout pas la bannir de son alimentation, même si l’on surveille sa ligne : grâce à sa consistance et à sa grande richesse en fibres, elle est très rassasiante et permet ainsi de faire le plein d’énergie de longue durée. De plus, pas besoin d’ajouter de matières grasses néfastes pour la préparer puisque, dans la majorité des cas, on la mange grillée ou cuite à l’eau.
Valeurs nutritionnelles pour 100 g
- Protides, 2,6 g
- Glucides, 38 g
- Lipides, 2 g
- Calories, 180 kcal
Quand on sait que les 2/3 des lipides que la châtaigne renferme sont des acides gras insaturés (qui chassent le mauvais cholestérol), il n’y a plus aucune raison de la bouder.
Sportifs ou abonnés au coup de pompe de l’hiver trouvent en elle leur panacée. Cette source généreuse de glucides lents renferme également une belle quantité de vitamines B, essentielles à la bonne assimilation de l’énergie.
Pour ne rien gâcher, la châtaigne bat des records de teneur en potassium (600 mg/100 g) et en fer (1,3 mg/100 g), nutriments indispensables, entre autres, au bon fonctionnement musculaire. Enfin, la châtaigne est un véritable réservoir de magnésium. Une portion de 100 g permet de couvrir 15 % des apports quotidiens recommandés. De quoi faire le plein de ce minéral qui manque cruellement à notre alimentation, surtout en période de stress ou de baisses de tonus, courantes en automne et en hiver.
Empreinte étymologique
de la châtaigne
Près d’un millénaire de castanéiculture en montagne de l’Hérault, en Haut Languedoc, a non seulement nourri les hommes mais imposé une autre culture, celle des appellations de lieux.
Castanet-le-Haut et Castanet-le-Bas, les Castagnès, Coustorgues sont les plus évidents noms de villages redevables au châtaignier. Le Sécadou (lire ci-contre) doit sa dénomination à l’une de ces petites bâtisses dont les ruines émaillent les terrasses des anciennes cultures.
Note : Si vous connaissez d’autres appellations dérivées des noms de la châtaigne ou du châtaignier, merci de bien vouloir nous les signaler. Nous sommes également à la recherche de textes régionaux évoquant la culture du châtaignier et la récolte de la châtaigne. En cas d’accord de leur(s) auteur(s), nous serons heureux de les publier.
Le sécadou
ou la déshydratation d’hier
Le sécadou est le séchoir à châtaignes, édifice à deux niveaux souvent bâti sur les lieux de récoltes. Installé sur un niveau de terrasse, il est appuyé contre celui de la terrasse supérieure d’où, par une porte arrière, le castanéiculteur accédait au plafond intérieur, fait de liteaux à claire-voie, sur lequel il entassait les châtaignes sur une épaisseur de trente à quarante centimètres. Au rez-de-chaussée, en dessous, sur un foyer ouvert, le récolteur entretenait pendant quinze à vingt jours, en permanence, un feu de souches sans flammes qu’il fallait très fumeux.
Cette fumée dense séchait lentement les fruits au passage, avant de s’échapper par tous les interstices du toit et du bâti. C’était la technique de déshydratation de l’époque qui permettait de conserver la châtaigne et de lui éviter de prendre le ver.
Il était enfin plus aisé (toutes proportions gardées…) de descendre les châtaignes une fois séchées et ainsi allégées jusqu’aux villages. Un transport souvent effectué à dos d’homme ou, dans le meilleur des cas, à dos d’ânes par des chemins qui ressemblaient davantage à des escaliers et dont on peut encore mesurer aujourd’hui la pénibilité. Dans la grimpette vers le plateau du Caroux au-dessus de Saint Martin-de-l’Arçon, par exemple…