La châtaigne en Haut Languedoc

La châtaigne et le châtaignier sont emblématiques des Cévennes en général et des Cévennes orientales et méridionales en particulier. La montagne du Haut Languedoc regorge d’anciennes châtaigneraies aujourd’hui, hélas, bien délaissées. Les châtaigniers sont ainsi négligés et les châtaignes également abandonnées sur les sols en terrasses.
Cela fait l’aubaine des gibiers, notamment du sanglier. Aujourd’hui, les châtaignes sont seulement ramassées par des personnes soucieuses de leur santé et des accrocs aux souvenirs, quêteurs de veillées à l’ambiance nostalgique. Globalement tous amateurs réfléchis, en raison même des propriétés extraordinaires de la châtaigne.

Le site d’origine du châtaignier semble être le bassin méditerranéen, les pays du Proche-Orient jusqu’en Iran. Cette essence ligneuse aime les pays chauds, elle craint les fortes gelées. Le châtaignier est un arbre majestueux à cime large, haut d’une trentaine de mètres, avec un tronc fort pouvant atteindre 10 mètres de circonférence.

En France, dans les Cévennes orientales et méridionales, le châtaignier apparaît autour de l’An 1000. Sa culture, la castanéïculture, s’est principalement développée au XVIème Siècle. Il a tapissé tous les flancs de la montagne du Haut Languedoc, entre 300 et 800 mètres d’altitude, évitant les famines à l’homme qui lui doit énormément.

Depuis les environs de 1870, il souffre d’une maladie spectaculaire, l’encre, qui le ronge comme un cancer. En traversant les châtaigneraies aujourd’hui délaissées, on remarque des troncs d’arbres carbonisés de l’intérieur, comme frappés par la foudre : Ce sont des victimes de l’encre.

Châtaigne

Mémoire d’une montagne à réactiver

Quand on ouvre un livre de botanique à la page « Châtaignier », on lit que son fruit, la châtaigne, est cultivé depuis des millénaires pour sa grande richesse alimentaire (lire ci-dessous). En montagne du Haut Languedoc, châtaignes et châtaigniers ont ainsi entretenu la vie.

Le montagnard d’hier a confié son existence au châtaignier. Il faut parcourir la montagne du Haut Languedoc, côté Hérault, pour s’en rendre compte. Ses flancs sud ont été bouleversés par l’outil pour être transformés en terrasses de cultures de châtaigniers. Alors que, maintenant, le commun des individus traverse ces lieux en râlant parce qu’il lui faut lever les jambes sur des chemins cadalés qui grimpent jusqu’au ciel, il ne se rend pas toujours compte qu’il met ses pas dans ceux des paysans d’autrefois (lire Jean-Claude Carrière) pour lesquels ces parcours étaient des axes de vie conduisant à leurs châtaigneraies.

La montagne du Haut Languedoc a une longue histoire avec le châtaignier et la châtaigne. Les regrets de l’abandon des terrasses de la castanéiculture sont vifs. En Écosse, les pouvoirs publics subventionnent les réfections de murets dans le contexte du développement touristique. Ici, ce patrimoine extraordinaire disparaît chaque année davantage, faute d’une prise de conscience.

Châtaigne en Haut Languedoc. Châtaignier en fleurs
Fleurs de châtaignierOn remarque deux types de fleurs : mâles (les longs filaments jaunâtres) et femelles (les bogues en formation, qui contiendront les châtaignes de l'année)

La châtaigne, véritable aubaine pour la santé

Deux fois plus calorique que la pomme de terre ou la banane, la châtaigne fait partie des fruits très énergétiques (180 kcal/100 g). Pour autant, il ne faut surtout pas la bannir de son alimentation, même si l’on surveille sa ligne : grâce à sa consistance et à sa grande richesse en fibres, elle est très rassasiante et permet ainsi de faire le plein d’énergie de longue durée. De plus, pas besoin d’ajouter de matières grasses néfastes pour la préparer puisque, dans la majorité des cas, on la mange grillée ou cuite à l’eau.

Valeurs nutritionnelles pour 100 g

  • Protides, 2,6 g
  • Glucides, 38 g
  • Lipides, 2 g
  • Calories, 180 kcal

Quand on sait que les 2/3 des lipides que la châtaigne renferme sont des acides gras insaturés (qui chassent le mauvais cholestérol), il n’y a plus aucune raison de la bouder.

Sportifs ou abonnés au coup de pompe de l’hiver trouvent en elle leur panacée. Cette source généreuse de glucides lents renferme également une belle quantité de vitamines B, essentielles à la bonne assimilation de l’énergie.

Pour ne rien gâcher, la châtaigne bat des records de teneur en potassium (600 mg/100 g) et en fer (1,3 mg/100 g), nutriments indispensables, entre autres, au bon fonctionnement musculaire. Enfin, la châtaigne est un véritable réservoir de magnésium. Une portion de 100 g permet de couvrir 15 % des apports quotidiens recommandés. De quoi faire le plein de ce minéral qui manque cruellement à notre alimentation, surtout en période de stress ou de baisses de tonus, courantes en automne et en hiver.

Châtaigne en Haut Languedoc. Sous-bois de châtaigniers
Dans une ancienne châtaigneraie, sur un flanc du Caroux

Empreinte étymologique

de la châtaigne

Près d’un millénaire de castanéiculture en montagne de l’Hérault, en Haut Languedoc, a non seulement nourri les hommes mais imposé une autre culture, celle des appellations de lieux.

Castanet-le-Haut et Castanet-le-Bas, les Castagnès, Coustorgues sont les plus évidents noms de villages redevables au châtaignier. Le Sécadou (lire ci-contre) doit sa dénomination à l’une de ces petites bâtisses dont les ruines émaillent les terrasses des anciennes cultures.

Note : Si vous connaissez d’autres appellations dérivées des noms de la châtaigne ou du châtaignier, merci de bien vouloir nous les signaler. Nous sommes également à la recherche de textes régionaux évoquant la culture du châtaignier et la récolte de la châtaigne. En cas d’accord de leur(s) auteur(s), nous serons heureux de les publier.

Lien utile

Châtaigne en Haut Languedoc. Piquets de châtaignier
Piquets de châtaignier, une spécialité de St Gervais-sur-Mare

Le sécadou

ou la déshydratation d’hier

Le sécadou est le séchoir à châtaignes, édifice à deux niveaux souvent bâti sur les lieux de récoltes. Installé sur un niveau de terrasse, il est appuyé contre celui de la terrasse supérieure d’où, par une porte arrière, le castanéiculteur accédait au plafond intérieur, fait de liteaux à claire-voie, sur lequel il entassait les châtaignes sur une épaisseur de trente à quarante centimètres. Au rez-de-chaussée, en dessous, sur un foyer ouvert, le récolteur entretenait pendant quinze à vingt jours, en permanence, un feu de souches sans flammes qu’il fallait très fumeux.

Cette fumée dense séchait lentement les fruits au passage, avant de s’échapper par tous les interstices du toit et du bâti. C’était la technique de déshydratation de l’époque qui permettait de conserver la châtaigne et de lui éviter de prendre le ver.

Il était enfin plus aisé (toutes proportions gardées…) de descendre les châtaignes une fois séchées et ainsi allégées jusqu’aux villages. Un transport souvent effectué à dos d’homme ou, dans le meilleur des cas, à dos d’ânes par des chemins qui ressemblaient davantage à des escaliers et dont on peut encore mesurer aujourd’hui la pénibilité. Dans la grimpette vers le plateau du Caroux au-dessus de Saint Martin-de-l’Arçon, par exemple…

« Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors le visage pâle s’apercevra que l’argent ne se mange pas… »
(Sitting Bull  1831-1890)

NON aux OGM et aux PESTICIDES
OUI à une agriculture naturelle